Sa carcasse d’un jaune éclatant, sertie de quatre roues noires détone, posée de façon incongrue, devant les austères manuels de la bibliothèque. Ce modèle réduit du traditionnel school bus américain n’est sans doute pas placé là par hasard. Sa porte avant est manquante et le laisse vulnérable, ouvert à tous les vents sur sa route vers un lycée du Connecticut qu’il n’atteindra pourtant plus jamais, immobilisé sur son étagère d’un coin de France. D’ailleurs à l’intérieur ses sièges de plastique blanc sont vides, les adolescents l’ont déserté, depuis longtemps embarqués dans leurs vies d’adultes. Sauf peut-être celle qui l’a gardé près d’elle, comme un morceau d’une jeunesse évanouie, un pan du passé, preuve que la nostalgie se pare parfois du même jaune qu’un rayon de soleil.