L’autoroute quitte la ville tout droit à travers champs vers les collines à l’horizon. Soleil mélancolique sur la plaine. Sentinelles de maïs assurées d’une confiance imperturbable, fières d’accompagner la route nationale, laissant la place à des sillons terreux recouvert de plastique noir déchiré d’où émergent les pointes des asperges heureuses de chatouiller la chaleur du printemps, plus loin surgissent des prés occupés par des bovins libres, loin des industries à viande, des hangars à sécher le tabac, des maisons à droite, à gauche, une épicerie et puis la route à nouveau bordurée d’un large fossé et de pommiers qui coupent la lumière du soir, les collines sont devenues montagnes, petites, mais montagnes malgré tout, à leur pied les vignes déroulent leur symétrie ascendante et disparaissent, des prés vallonnés rebondissent, encore un village en creux, la dernière maison conduit la route vers un rond-point, un petit tour et la route montante s’est libérée de la ligne blanche, les bosquets s’épanouissent en bois, un pont rejoint un chemin forestier, le soleil se fraye un chemin entre les feuillages, un tronc couché signale un lieu de repos, la cabane attend l’arrivée du sentier, pour ouvrir sa porte.