Connard à tu et à vous !

Connard ! Énorme connard !

Tu l’avais tout de suite repéré, immédiatement en rentrant. Aucun signe particulier pourtant, fringué comme n’importe qui. Pas fringué quoi.

Mais tu as toujours eu ce sens inné, pas le sixième mais le septième, ce radar à plans foireux, ce détecteur de mythos, ce Coyote de la loose.

Sauf que tu ne faisais pas que les détecter, tu les attirais aussi. Depuis toujours. Depuis trop longtemps.

Regarde à 180 degrés. Ne tourne pas la tête. Avance. Tu aperçois Sandrine : au coin bar, déjà bien entourée. Normal pour un anniversaire. Tu l’embrasses, attrapes un verre, elle s’échappe déjà.

Tu te retournes : il est là, face à toi. Tu rougis. Mais merde, pourquoi tu rougis, rougir c’est encourager.

Stéphane. Tu l’aurais parié. Prénom à la con, à vouloir sauver le patrimoine et combattre les éoliennes en étalant sa wikiscience de wikicon.

Abréger. Tu cherches un appui dans cette soirée d’inconnus. Sandrine, Où es-tu ?

Mais tu l’écoutes. De toute façon, t’as jamais su t’en tirer. Et en plus tu relances. Tu t’intéresses, tu te dis que pour une fois, tu t’es peut-être plantée. Tu souris même maintenant. Tu le suis un peu plus au calme, loin du bar, vers le couloir. Et voilà que tu es bien. Sous le charme. Un début de charme. Et voilà que tu espères…

Son téléphone sonne ; tu le vois répondre. Sur son écran, s’affiche « mamour »

Connard ! Énorme Connard !

_ _ _ _

De toute façon, vous ne vouliez pas venir. Mais quand Franck a insisté pour que vous l’aidiez à mettre en scène sa surprise pour Séverine, vous n’avez pas su refuser. Ou pas pu. Ça fait juste vingt-huit ans que vous ne savez rien refuser à Franck.

Alors vous y êtes venus à ce foutu anniversaire, remercié par Séverine d’être là même en l’absence de Franck.

Et puis vous l’avez vue : hésitante, un peu paumée, seule au bar. L’aborder ? Ne pas oser… vous n’avez jamais été très doué. Mais ce soir, c’est différent. Le punch peut-être, ou un sens inconnu qui vous pousse plutôt que de reculer.

Vous souriez, vous parlez. Vous êtes écouté, vous êtes relancé. Quelque chose se passe. Vous vous éloignez, pour mieux en profiter. Vous poursuivez, dans le couloir. Vous n’êtes plus ici, vous êtes ailleurs, à deux, ça change.

Un téléphone sonne, celui que vous avez discrètement subtilisé à Séverine. « Mamour », c’est Franck qui appelle comme convenu pour annoncer sa visite surprise. Instant brisé. Fin du game.

Franck, t’es vraiment un Connard, un énorme connard !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *