Derrière l’eau

Inamovible. Oxydable. Secoué. Promesse de départ, lui ne quitte jamais son quai. Les marins du dimanche l’agrippent, les pêcheurs précarisés lui font la gueule. Mais pour elle, qui ne montait dans aucune embarcation, il était une œuvre d’art. Elle photographiait les anneaux de mouillage comme d’autres les premiers signes du printemps dans des jardins embastillés. C’était une époque où la photographie était synonyme d’attente. Clic, clic, clic, 24 fois. Déposer la pellicule chez M. Lambert, qu’on avait aussi appelé pour la célébration de la Première Communion. Patienter plusieurs jours, récupérer la pochette et les découvrir. Figés de près ou de loin. En mode portrait individuel ou photo de groupe. Tous, chacun, unique.s. Choisir un cliché et accrocher l’anneau au mur. S’y perdre. Pas de poster. Pas le droit de parler à table. Mais la liberté du solex et des rêves, de prendre le large.

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