« Je t’invite »

En plus de tout mon amour, je lui apportais mes bonnes intentions, rangées dans des boites plastiques hermétiques et transparentes. De ce que l’on ne pouvait nommer Tupperware – ce mot ne faisait référence à rien ici ni système de vente, ni rangement facile – émanait une odeur qui aurait pu être douce pour les palais appréciant la pintade en sauce comme elle, ou alléchante pour n’importe quelle des si nombreuses personnes cherchant à simplement se remplir le ventre. Mais mon nez ne percevait que des relents carnés, ne cessant de me rappeler combien mon végétarisme constituait pour elle peut-être plus qu’une bizarrerie. Arrivée à destination, tout l’habitacle était empli de cette odeur qui allait s’y figer et nous raccompagner mon amour, mes questionnements et moi. Je récupérerais les boites, la fois suivante, c’était notre organisation.

Une fois la portière ouverte, il fallait affronter la chaleur humide puis, pénétrer dans l’entrée-coucher et là, enfin s’engouffrer dans ses bras, ses plis de pagne et de chair, qui mêlaient la puanteur de la naphtaline et la douceur de l’odeur de sa peau. Faire durer cet instant, surtout faire durer cet instant – elle n’avait pas l’habitude de ces embrassades démonstratives – pour enfoncer mon nez plus loin dans son cou jusqu’à sa nuque, dépasser la pestilence, et reconnaitre – oh bonheur – un parfum d’eau de riz, avec des notes de shampoing Fa, acheté à la boutique.

Parfois, si j’étais chanceuse, quand elle mettait fin à l’étreinte, le mouvement de sa main, s’accompagnait d’un vent de chimie : elle venait de mettre du vernis à ongles, pour me recevoir.

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