Ça faisait combien ? vingt ? vingt cinq ans ? Son tournebroche à gaz grille viande mural en inox. Une espèce de petite armoire fixée au mur au dessus des condiments. Je dirais soixante dix centimètres sur soixante dix… (non… c’était pas un carré), plutôt soixante dix centimètres sur soixante ; avec sa porte rabattante et les deux niveaux pour placer la grille et son lèche frite plus ou moins près des flammes ; une ligne de feu qui passait du jaune au bleu — ou l’inverse— et dans le fond ça rougeoyait. On réglait l’intensité des flammes avec … un bouton?… une manette ? un poussoir ? Pousse, il disait. Pousse la manette. Là… mais pas trop. Elle se trouvait sur le côté droit du tournebroche. Son grille viande mural à gaz en inox, un achat pas vraiment raisonnable, un objet cher à l’époque — et vas pas te brûler. Avec les rondelles pivotantes où glisser la broche et les griffes à clips pour fixer la viande. Mon grill c’est comme une petite rôtisserie à la maison! Et regarder tourner le gigot; écouter la graisse chuinter. Toutes les éclaboussures ; le cramé ; le sang noirci ( vas pas te brûler surtout), le parfum caramel du jus. Tu l’aimais pas sa côte de bœuf avec les grains de poivre concassé ? Il a duré combien son tournebroche grill viande mural en inox? L’a suivi dans le déménagement. De Barbès à Truffaut. Quand elle lui a dit : maintenant c’est régime et qu’elle a posé sur la grille des champignons de Paris gros comme des coings avec des morceaux d’ananas, il a dit : il est pas beau mon tourne broche grille TOUT mural? il te fait même la ratatouille! tu vois… c’était un bon achat. Après la broche s’enrayait, ça faisait un bruit d’enfer. Lui il était déjà un loin. Il te parlait du débarquement ; la viande il fallait la lui hacher.