Elle marche. Seule. Elle est pieds nus. Ses pas sont légers sur l’herbe molle. Elle avance. Son regard se perd sur l’horizon. Elle a laissé le soleil levant derrière elle. Elle avance souplement sur son chemin. Légèrement vêtue. Elle sent la chaleur du soleil sur sa nuque. Son pas s’est ralentit maintenant. Le soleil est haut dans le ciel et des gouttes de sueur commencent à perler sur sa peau. Soudain son pied butte sur un caillou. Elle s’arrête quelques instants. La terre est sèche sous ses pieds. Seules quelques touffes d’herbes jaunies subsistent. Elle ramasse le caillou et le mets dans son baluchon. Le soleil au zénith matraque tout de ses rayons. Elle transpire mais continue d’avancer tout en buttant sur les cailloux qu’elle ramasse au fur et à mesure. Ainsi elle remplit son baluchon qui gonfle et s’alourdit à chaque pas. Son ventre aussi s’est arrondi. Son pas ralentit. Elle se baisse plus difficilement mais continue à charger sa besace. C’est son lot d’avancer comme ça en ramassant les obstacles qui s’accumulent sur son chemin. Bientôt elle n’est plus seule. Elle porte l’enfant traînant toujours ses cailloux avec elle. L’enfant marche maintenant à ses côtés. Le chemin s’est attendri. Un nuage a pleuré quelques larmes pour adoucir la terre qui s’est couverte d’un peu de mousse tendre. Mais il faut continuer à avancer. Tandis que l’enfant folâtre à ses côtés elle continue sa collecte. Les cailloux sont de plus en plus lourds et pesants. Elle se voûte sous leur poids. L’enfant a lâché sa main et s’éloigne de plus en plus. Le soleil baisse face à elle. Le ciel est en sang autour de l’énorme boule rouge. Les pierres sont trop énormes pour que ses bras affaiblis puissent maintenant les soulever. Elle s’assoit près d’un rocher à côté du tas qu’elle a consciencieusement constitué durant son parcours. Ses forces l’ont quittée. Elle s’allonge à côté de ses cailloux qui seront son mausolée.