Merci ma chère entorse

Ma chère entorse n’aurait jamais eu lieu sans toute une équipe de circonstances et de talents que je devais bien sûr ici remercier. Je voulais d’abord remercier la marque de chaussures italiennes Belutti dont j’avais découvert les escarpins à peine deux semaines auparavant. Sans l’émoi causé par le modèle Pégase à fins talons vernis vert émeraude, je serais allée à ce rendez-vous en mocassins et la journée aurait été aussi plate qu’eux. Je tenais également à saluer la conduite rapide du conducteur du bus 452 de 12 h 05 qui s’est approché de l’arrêt à 12 h 02. Sans cette légère avance, je n’aurais pas tenté une course essoufflante et ridicule pour l’attraper quand même.

Je dois également remercier le conseiller Orange qui m’a appelée à 11 h 50 pour me vendre la fibre et a ralenti ma progression… tout en me ventant la rapidité incroyable de cette technologie pour télécharger des films de cascadeurs qui ne se font jamais d’entorse.

Pendant que j’y suis, je veux également remercier les services de la ville et surtout le chef de chantier Monsieur Thierry Bastinguet pour la pose récente d’un pilier dont j’ignore encore l’usage. Voulant l’éviter dans ma course, j’ai alors perdu le contrôle de mes chevilles.

Enfin, je voulais remercier par la même occasion Madame Valentine Touquet, kinésithérapeute de son état, qui a pris ses vacances au moment où je devais commencer mes séances de rééducation. C’est en effet son collègue Thomas qui l’a remplacée pour prendre ma cheville, avant de me tenir désormais la main pour aller boire un verre ou aller acheter des Paris-Brest. C’est bien simple, avant de le rencontrer, je détestais les entorses.  

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