Merci (s)

Merci à toi Herman d’avoir fait de Bartleby un récit plus court que Moby Dick mais d’une densité bien plus infinie encore. Comme quoi, Herman, ce n’est la taille de l’œuvre qui fait l’extase. Précisons que j’aime tout autant les baleines que les scribes. Jonas était-il scribe ?

A toi estomac, ma plus vive reconnaissance pour avoir digéré l’indigérable qui surgit au détour de certaines relations humaines. Certes, ce fut quelque fois au prix d’aigreurs abyssales mais on n’a rien sans rien, surtout dans les tuyauteries.

Louons cette ampoule de Livermore dont l’incandescence ne  cessera jamais de nous sidérer. Figure d’un temps où l’obsolescence  n’avait même pas sa place dans le dictionnaire.

Sans le Q pas de question et sans question, que des réponses. Sans le Q donc, nous aurions réponses à tout donc à rien puisqu’une réponse sans question est comme un avocat sans noyau ou un œuf sans jaune. Grâce de soit rendue Q, véritable noyau jaune d’un monde qui s’interroge.

Merci qui ? Sais pas ? Merci quoi ? Sais pas ? Merci comment ? Sais pas. Merci l’exercice ! Je passe à autre chose.

Un salvateur merci à mon pied gauche d’accompagner mon pied droit dans un mouvement régulier et connu d’une grande partie des humains. Cela m’évite bien des accidents. Pour l’instant.

Merci à la banque de me permettre de sortir à découvert.

A toi, j’ose dire merci de m’avoir quitté, tant la vie s’est fait plus belle depuis. Par contre, tes multiples requêtes au tribunal pour avoir la garde de notre progéniture, ça franchement tu peux te… enfin je veux dire je ne te remercie pas pour tout quoi. Merci à la juge d’avoir vu clair. Oui je sais, toi, tu ne la remercies pas.

Dans le désordre, merci Alain Bashung, merci Franz Kafka, merci Moebius, merci Anne Sylvestre, merci Georges Perros, merci Arno, merci Guillevic, merci Annie Ernaux, etc… merci suivant.

Merci aux limaces d’avoir explosé mon potager. Merci aux limaces d’avoir détruit un rêve. Merci au sel qui a pulvérisé quelques dizaines de limaces. Merci à ma lucidité de m’avoir averti que même en déchiquetant une centaine de limaces par soir, une année n’en viendrait pas à bout et qu’entre temps une partie d’entre elles se seraient reproduites avec une allégresse toute pernicieuse. Ma lucidité, tu es mon garde-fou.

Et si tu n’existais pas, toi, fragilité, nous ne serions que force et résistance. Alors que grâce à toi, nous sommes vacillants et claudiquants, tremblants et chancelants, frissonnants et émouvants. Pour tout cela merci.

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