Train de nuit

La fin du quai se dessine dans un virage. Le train vire lentement dans un crissement aigu. Les lampadaires apparaissent et disparaissent un à un. Le réseau de fer se déploie en nombreuses voies parallèles. Des trains sont à l’arrêt sur des rails à l’écart. Des bâtiments s’approchent. Le train change de voie. L’espace s’ouvre, sombre, sur les tâches plus sombres des bosquets et des arbres. Le train change encore de voie, lentement, termine son virage, se lance dans une ligne droite. La vitre devient un mur noir réfléchissant au passage fugace sous un pont. L’espace retrouve sa profondeur, se peuple de la silhouette des bâtiments éteints. Un train surgit en sens inverse faisant vibrer le wagon, réverbérer les ondes dans le corps. Une gare se présente, un quai éclairé, vide. Un pont engloutit le train, le recrache, suivi d’un autre qui l’avale et le rejette. La voie ferrée file dans la nuit bordée de maisons, de bâtiments tagués, de hangars fermés, de panneaux publicitaires lumineux. Une gare et son quai surgissent, s’évanouissent. Un Klaxon rugit au croisement d’un train. La masse informe des arbres et arbustes, les ponts, les routes, les maisons, les gares et les quais, les étendues noires se succèdent. Le train file toujours plus vite. Les maisons s’éloignent. Des lueurs brillent dans le ciel bleu noir.

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