L’évadé

On l’aura vu pour la dernière fois sur berge.

Il se sera penché au-dessus du ruisseau pour remplir sa gourde avant de le traverser.

Il aura glissé dans le cours d’eau, mêlant corps et cheveux aux lentilles d’eau. Il aura ri. Enfin.

Il aura épié la maison, ses fenêtres, les allers-venues et aura disparu de l’autre côté du mur de façade.

Il aura enfin pu chanté avec les oiseaux, grimpé sur la plus haute branche et y serait encore.

Il aura pris place dans la barque amarrée au ponton, aura rejoint le petit port, l’île toute proche puis se sera dirigé vers la haute mer.

Il aura cueilli quelques tulipes, un bouquet d’orties, quelques trèfles sauvages avant de suivre le vol d’une libellule.

Il se sera caché pour fomenter un mauvais coup, une pierre dans une main, une pelle dans l’autre, près à en découdre avec le premier habitant croisé.

Il aura choisi de ne pas aller plus loin, aura fredonné les paroles d’une chanson inventée, regardé le ciel en attendant le coucher du soleil.

Il aura espéré une venue, un murmure, un souffle, venant de la terre ou de la rivière, un signe infime avant de poursuivre sa route.

Il aura attendu de prendre le bon chemin sous une lune plus claire. Il aura espéré.

Il aura bu jusqu’à s’écrouler

Il sera devenu pâle sous la pleine lune, aura regardé ses mains égratignées, ses poches vides et des frissons auront parcouru son corps.

Il aura épié les mouvements du chemin parcouru. Il aura eu peur.

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