SOS d’un terrien en détresse

T’as encore recommencé, c’est plus fort que toi… T’essaies de faire rire ton correspondant et ça tombe à plat. Pire, il pense qu’en fait t’avais pas la tête à rigoler, et c’est pour ça que lui rigolait pas non plus. Alors t’as arrêté l’humour… Oui, s’il faut être sérieux avec les gens qui n’en ont pas, tu t’adaptes… Parce que, quand même, faut pas déconner, d’habitude tu les fais rire les gens. Donc, ça vient forcément de lui. Non mais c’est vrai, franchement, t’es plutôt gaie comme nana : tout le monde le dit que c’est toujours plus sympa quand t’es là, que t’as toujours la pêche, que tu vois toujours le bon côté des choses… Alors pourquoi, lui, il rit pas ? Ou alors, il a fait exprès de te contrarier… Ouais, c’est comme ses tirades sur la vie, l’amour, l’argent… Ouais, ça doit être ça… Autrement c’est pas possible, tu peux pas avoir envoyé ton mal-être à ce point.. ? Enfin, quoi que, faut dire qu’en ce moment t’es pas au mieux de ta forme… Et juste comme ça, à cause d’une blague qui a foiré, lui il aurait réussi à savoir que toi, qu’il connaît à peine, eh ben tu vas pas bien : trop fort le gars… Trop fort ! Ou alors, il est parti à la pêche et puis quand t’as mordu, fini, c’était du tout cuit pour lui, il avait plus qu’à tirer le fil jusqu’au bout de la pelote. Finalement tu sais pas, parce que ça t’a fait du bien de lui parler…

Vous n’avez pas été tendre avec elle. C’est vrai. Mais reconnaissez que cajoler à tout bout de champs une demoiselle en détresse, ça a ses limites ; lui faire croire que c’est pas grave alors que vous avez bien vu, vous, que vous n’êtes pas rentré dans son jeu, que vous avez écouté et lu entre les lignes ses appels de détresse… Alors, après, vous n’êtes peut-être pas le plus qualifié pour répondre dans ces cas-là, vu que vous-même vous n’êtes pas au top de votre forme, mais là, vous n’avez pas pu le laisser passer, c’était plus fort que vous ! Non mais vraiment, c’est quoi cette habitude de vouloir toujours donner raison à l’autre ou juste suivre les conventions de la conversation, ne pas trop contrarier l’autre… Vous vous dites que vous avez peut-être été un peu dur quand même… Elle méritait peut-être pas ça… Vous pensez que vous auriez pu terminer sur une note positive, un truc du genre citation bouddhiste ou… ou un truc de grand écrivain…. enfin un truc. Non et puis c’était peut-être pas bien avisé de lui parler, et puis de la faire parler d’elle, parce qu’en fait, vous en avez pas grand-chose à faire finalement, vous ne faisiez que passer comme ça entre deux portes ; et vous avez déjà assez de vos problèmes pour vous en rajouter… Non, c’était pas une bonne idée, parce que, imaginez qu’elle s’accroche, que vous deveniez sa bouée de sauvetage, qu’à chaque fois qu’elle fait un truc elle veuille vous le raconter… Zut ! Vous auriez peut-être dû réfléchir avant de parler ! Maintenant que c’est fait, y a plus qu’à souhaiter quelle perde votre numéro et que vous n’ayez plus jamais à la croiser… Après, c’était pas désagréable finalement de voler au secours, comme ça, d’une femme en détresse… Si seulement vous étiez aussi héroïque dans votre vie…

mmmmm….

mmmmm…

Bon, tu vas peut être le rappeler alors ?

Bon, vous allez peut-être quand même prendre de ses nouvelles au cas où…

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