la nouvelle

Elle est noire et brillante, elle est à nous depuis quatre jours. Une voiture, oui bien sûr, mais une voiture hors du temps. Un achat choix rapide, peut-être irréfléchi, et on se retrouve propriétaire d’une voiture hors de l’ordinaire, hors du temps présent. Elle est presque neuve cette voiture noire, si on prend comme repère les kilomètres. Une bonne occasion. Seulement elle n’est pas d’aujourd’hui si elle a peu roulé. Pour choisir se dire que les conditions de vie de ces deux dernières années n’ont pas poussé les petits rouleurs sur le routes. Les voitures sous-utilisées en temps normal, l’ont été encore plus. Pour elle, elle a d’être grande : on peut y installer deux petits enfants et bientôt un chien ou emmener deux amies sur la côte Vermeille dans un voyage confortable. C’était un critère. Et puis, elle a un châssis solide, propice à l’installation d’un crochet attelage – qui n’a rien d’un crochet, une de ces boules de métal arrimée solidement qui supportera un autre système sur lequel les vélos pourront à leur tour être emmenés pour une sortie en voiture. Un autre critère. Posséder une voiture capable de supporter deux vélos électriques de plus de vingt de kilos chacun. Car si on peut rouler en vélo sans peine autour de chez soi, faire encore et encore le même tour de collines ou longer la rivière, ce qu’on veut avec un vélo électrique c’est aller n’importe où au moindre effort. Et pourtant on découvre, mais après coup, que ça demande de la force supplémentaire les vélos électriques, la force d’une voiture solide pour les porter – une force contre une force, un coup à somme nulle. On est spécialiste pour faire rouler les voitures jusqu’au bout, et ça se termine à chaque fois de la même manière :  il faut changer vite et sans y avoir réfléchi. Elle était en bout de course mais de toute façon le petit modèle choisi il y a dix ans n’aurait pas eu la capacité de porter les deux vélos. Elle était en bout de course et devenue trop petite pour les petits enfants et bientôt un chien. La première voiture achetée après une vie de famille nombreuse, quand plus besoin d’un break, plus besoin d’un grand coffre. Aujourd’hui en bout de course, et des vélos trop lourds, et des petits enfants trop grands et bientôt un chien. Un jour une voiture remplace une voiture et on a rien de plus : l’usage globalement le même, le service quasi-identique. Les mouvements pendulaires de la petite ville à la grande ville seront toujours trop nombreux chaque semaine, et pourtant addictifs :  voir une mère, retrouver un enfant, assister à un vernissage, se rendre à un suivi associatif, toute chose qui font se demander si la maison elle-même n’est pas le problème, sa situation, son implantation. Se rendre dans la ville qui de toute façon ne veut plus de voiture dans ses rues et ses quartiers ni ses villes périphériques. Et c’était le troisième critère,  l’autre raison de changer la vielle mécanique pour cette voiture massive et démodée : le sésame, le petit macaron violet et son chiffre 1. Mais alors que lui reproche-t-on ? De raconter une histoire dont il manque des chapitres. Pourquoi la marque a-t-elle remis au goût du jour ce modèle déjà vieux en 2016 ? Pourquoi en 2022 avoir choisi cette voiture-là ?

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