Le troisième terrain

Un boulevard au nom d’écrivain, une rue perpendiculaire au nom d’un résistant fusillé.

Deux rectangles de même superficie alignés sur le boulevard

Un troisième rectangle dans la rue perpendiculaire dont la longueur sera d’égale mesure avec celle des deux largeurs .

Un dessin serait plus explicite que cette description un peu confuse

Ce qui nous intéresse et sera l’objet de notre propos, ce troisième terrain.

Mais une dernière précision avant de vous conter l’histoire du lieu :

Deux terrains cote à cote,

L’un où une maison en location abritait une enfance plutôt heureuse, partagée avec le petit voisin

Du terrain d’à côté, l’autre terrain,

Dont les parents possédaient le fameux troisième terrain

De plus en plus compliqué. Vous suivez ?

Un dessin. Impossible seul Saint-Exupéry pouvait le faire[1]

Troisième terrain :

Un cerisier au plus près du coin supérieur droit du dit terrain

Un monticule de terre dans la partie gauche

À l’avant un potager plus ou moins bien entretenu donnant sur cette rue au nom de triste mémoire.

Soudain, des cris d’enfant jaillissent

Quelques pleurs,

Des rires

Des cavalcades

Un souvenir surgit :

Au tronc du cerisier est attaché un Indien.

Nous nous retrouvions souvent le jeudi et en fin de semaine dans ce terrain bien clôturé, d’où il était impossible de sortir.

Un épisode, chaque fois différent, de la guerre entre les Indiens et les cow-boys se déroulait. [2]

Un jour, les uns en eurent assez de louer cette maison – reconstruction d’après-guerre –

Les autres souhaitaient se construire une nouvelle maison sur un terrain en pleine campagne hérité d’une vieille tante

Un accord fut conclu. Le terrain dit troisième du nom cessa d’appartenir aux autres pour devenir lieu de future maison des uns.

Appel à un architecte – obligatoirement Monsieur TROCHAIN parce qu’ami de la famille grand-paternelle, parce qu’il était un grand dans sa profession, parce que cela ne pouvait être que lui.

Mais il fut oublié à ce moment-là que ledit Monsieur avait un peu vieilli, n’était plus trop au courant des bonnes règles de construction des maisons mais surtout était hostile à toute nouveauté.

Donc il dessina les plans et fit construire une maison sans fantaisie, un énorme bloc parfaitement carré et haut d’un étage, couvert d’ardoise. Rappelons que nous sommes au-dessus de la Loire dans une zone bien abimée par les bombardements de la gare de triage qui n’était pas loin.[3]

2062 pointe son bout de nez.

Devant la maison, derrière la maison, plus de jardin.

Du goudron ou ce qui kuî ressemble, une espèce de surface rose – si l’on tombe, on rebondit. S’autonettoie grâce à la pluie qui tombe. Économisez l’eau est rappelé de façon répétée.

La maison, toujours cet énorme bloc carré, est coiffée, désormais, d’une énorme bulle. Dormir à la belle étoile chaque nuit. Dans la journée la dite bulle tourne, emmagasine la chaleur du soleil, la restitue à l’ensemble. Pas d’autre moyen de chauffage.[4]


[1] 128 mots

[2] 104 mots

[3] 166 mots

[4] 87  mots mais pris par le temps

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